- SUSE
- SUSESUSEVille ancienne du sud-ouest de l’Iran, Suse fut la capitale de l’Élam puis celle de l’empire perse achéménide. Identifié par l’Anglais Loftus en 1851 et exploré par la mission française Dieulafoy en 1884-1886, le site a été fouillé de 1897 à 1978 par la Délégation archéologique française en Iran. Depuis 1993, le site est redevenu pleine propriété de l’Iran qui y effectue des travaux de protection et de conservation.Suse est l’une des plus anciennes agglomérations connues à mériter le titre de ville. Peu après sa fondation, vers \SUSE 4000, elle était dominée par une haute terrasse d’environ 70 mètres de côté sur laquelle s’élevait probablement une installation cultuelle. Au pied de la terrasse s’étendait un cimetière dont les tombes ont livré des objets en cuivre et une belle céramique peinte apparentée à celle de la Mésopotamie et du plateau iranien. Une organisation de type urbain s’est développée à l’époque suivante, entre \SUSE 3500 et \SUSE 2800. Alors sont apparus des documents de comptabilité, qui précédèrent de peu l’invention de l’écriture elle-même, ainsi qu’une poterie faite au tour, des figurines et des objets en cuivre ou en albâtre et les premiers sceaux-cylindres. En même temps, des relations d’échanges ont été établies avec les populations du Zagros et du plateau iranien.Cette civilisation proto-élamite disparut vers \SUSE 2800. Des rapports étroits, tour à tour pacifiques et guerriers, furent noués avec la Mésopotamie, et Suse subit dès lors l’influence de la civilisation sumérienne. La ville était prospère et ses marchands entretenaient des contacts avec des pays lointains, tels que Bahrein et la vallée de l’Indus. À partir de \SUSE 2350, Suse passa sous la suzeraineté des rois d’Agadé mais conserva ses institutions propres. Vers \SUSE 2100, elle fut annexée par les rois d’Ur qui reconstruisirent le quartier sacré; dominant la plaine de près de 25 mètres, il formait une sorte de ziggurat surmontée par plusieurs temples, dont celui du dieu tutélaire de la cité, Inshushinak.Un siècle plus tard, l’effondrement de l’empire d’Ur permit à des dynasties indigènes de rendre à Suse son rang de capitale d’un royaume unifié et puissant. Les rois de Simashki puis, à partir de \SUSE 1850, les Sukkalmahhu («Grands Régents») multiplièrent les fondations pieuses. La ville s’agrandit vers le nord et vers l’est; elle abritait une population d’agriculteurs, d’artisans et de marchands dominés par une aristocratie de fonctionnaires royaux dont les vastes demeures et les archives privées, rédigées en langue akkadienne, ont été retrouvées dans les fouilles. Suse atteignit l’apogée de sa richesse pendant la seconde moitié du \SUSE IIe millénaire. Le \SUSE XIIIe siècle est le siècle d’Untash-Napirisha, grand constructeur à Suse et fondateur d’une nouvelle capitale, Tchogha Zanbil, qui ne lui survécut pas. Au \SUSE XIIe siècle, Shutruk-Nakhunte conquit et annexa la Babylonie d’où il ramena un butin considérable, dont le célèbre Code des lois de Hammurapi (Hammourabi) découvert à Suse en 1900. Ces trophées enrichirent le trésor de temples construits ou restaurés par ce roi et ses deux successeurs, qui commémorèrent leurs œuvres dans des inscriptions rédigées en langue élamite. Suse était alors la capitale de l’un des plus puissants royaumes d’Orient. Mais cet âge d’or fut de courte durée: à partir de \SUSE 1100, la ville connut une autre éclipse. Lorsqu’elle réapparaît dans les sources historiques au \SUSE VIIIe siècle, c’est comme capitale d’un nouveau royaume qui dispute à l’Assyrie le contrôle de la Babylonie. Un siècle de luttes aboutit à une guerre désastreuse contre Assurbanipal, qui fit raser la ville en \SUSE 646.Relevée de ses ruines, Suse fut choisie en \SUSE 520 par Darius le Grand comme capitale de son empire. Elle fut entourée de fortifications massives. Au nord, le roi fit élever une terrasse de 13 hectares de superficie et de 15 mètres de hauteur sur laquelle il édifia son palais et sa salle d’audience; l’ensemble était décoré de reliefs sculptés et de briques émaillées représentant de longues files d’archers, de lions, de griffons et de taureaux et des processions de tributaires comparables à celles qui ornent le palais de Persépolis. On accédait à cet ensemble par une porte monumentale flanquée de deux statues colossales du roi.Prise sans combat par Alexandre en \SUSE 331, puis rattachée à l’empire des Séleucides, Suse devint une polis sous le nom de Séleucie-sur-l’Eulaeus. Foyer d’hellénisme, elle conserva encore une relative indépendance à l’époque parthe et abritait une population cosmopolite issue de toutes les régions de l’Orient. À partir d’Ardéchir Ier, fondateur de la dynastie sassanide en 224, la vieille capitale fut administrée par un gouverneur et perdit son autonomie. Au IVe siècle, elle fut détruite par Chahpohr II à la suite d’une rébellion de ses habitants, qui comprenaient alors une majorité de chrétiens nestoriens. Reconstruite peu après, mais délaissée par les souverains, elle déclina jusqu’au temps de l’islam. Elle connut encore aux VIIIe et IXe siècles une dernière époque de prospérité, dont témoignent une importante mosquée et les vestiges de grands bâtiments. Puis ce fut la décadence et l’abandon de la ville au XIIIe siècle. Suse est cependant restée, malgré son déclin, un centre de pèlerinage réputé autour d’un tombeau du XIVe siècle qui, selon la tradition, serait celui du prophète Daniel.Suseanc. v. d'élam, fondée en bordure de la plaine mésopotamienne au Ve millénaire av. J.-C. Elle fut détruite v. 640 av. J.-C. par Assurbanipal, puis devint une grande cité de l'Empire perse achéménide (VIe-IVe s. av. J.-C.). Le site (auj. en Iran), fouillé dep. 1884 par des missions franç., a fait apparaître de riches vestiges, notam. ceux du palais de Darius Ier (frise des Archers, VIe- Ve s. av. J.-C., brique émaillée, Louvre); poteries fines à décor stylisé (IVe millénaire av. J.-C.); stèle du code d'Hammourabi (Louvre).
Encyclopédie Universelle. 2012.